Tract en soutien de la lutte des intermittents et précaires, Printemps 2014
Ô formulaire… il est fait de cases et de cases et de cases pour répondre à des questions, fondées sur des situations standardisées, tout à fait inadaptées aux conditions réelles de vie et d’emploi.
Par exemple, pôle emploi se base sur l’idée que l’ensemble des employeurs respectent le droit du travail. Et si mon ancien employeur ne le respectait pas, tant pis pour moi ! Combien n’ont jamais mis la main sur leur attestation Pôle Emploi ? Combien ont travaillé en étant payé.e.s six mois après ?
Il n’y a pas de cases pour la vie réelle d’un membre du Précariat, chacun-e le sait et en premier lieu les conseillers de Pôle Emploi. Ils s’arrachent les cheveux quand quelqu’un-e leur demande de l’aide pour remplir le formulaire. Il leur faut tenter d’orienter subtilement les réponses des usagers pour qu’ils cochent ici ou là, même si cela ne correspond pas, tout à fait, à la réalité. Subtilement, c’est-à-dire sans jamais leur révéler clairement le fait qu’il faille tricher ; faire en sorte que l’usager prenne sur lui le fait de mentir et ne se mette surtout pas à déballer les détails de sa situation réelle.
Triste constat, mais évidence : plus les usagers sont honnêtes et naïfs, moins ils ont de chance de s’en sortir. Un allocataire, un bénéficiaire, rien que pour entrer dans le « dispositif » puis pour s’y maintenir, doit être un minimum rusé.
Quand le stylo s’égare entre les cases des formulaires cerfa, que les yeux roulent, que les têtes se grattent… Il faut reformuler, retraduire les questions… mais au fond il n’y en a qu’une à se poser : où mettre une croix pour survivre pendant les prochains mois ?
Les ennemis de Pôle Emploi ce ne sont pas les fraudeurs, l’ennemi c’est madame Gingin qui est revenue 7 fois cette semaine et qui reste des heures, car elle ne voit toujours pas où cocher : car elle est veuve, mais elle n’a pas de pension de réversion, mais…, mais…., mais…
Rendez-vous compte, s’il n’y avait que des madames Gingin, ce serait la fin !
Pôle Emploi ne vit que par notre miraculeuse existence de fraudeurs, de petits menteurs, d’arrangeurs, de reformuleurs de formulaires… qui avons au moins deux qualités extrêmement précieuses :
La première, nous sommes capables de rentrer dans le dispositif et de fait d’en maintenir l’existence ;
La seconde, nous sommes coupables et de fait nous restons silencieux. Parce qu’on a un tout petit peu triché, nous nous sentons illégitimes, pas à notre places, pas dans notre bon droit, bref, coupables de l’ensemble des mésaventures de notre dossier.
Nous, fraudeurs sommes tou-te-s de vrai-e-s allocataires, ne restons pas seul-e-s face aux intimidations et aux radiations
Taïaut ! Contre la réforme de l’UNEDIC !
Précaires, Chômeur-se-s, vacataires, intermittent-e-s, intérimaires, avec ou sans papier, Solidarité
Des Dindons de la Social-Farce
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